Dans le cadre de leur programme d'histoire et pour en apprendre davantage sur le métier d'historien et sur les mécaniques de la recherche, les élèves de Terminale ont rencontré Christian Ingrao en visioconférence.
Christian Ingrao est un historien français, directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l’histoire du nazisme et des violences pendant la Seconde Guerre mondiale
Sa conférence s’est organisée autour de la trajectoire personnelle de Friedrich Siegfried Engel, personnage dont l’histoire s’est enchevêtrée avec celle du nazisme et de son ombre sur le second XXe siècle.
Né en 1909 à Hambourg d’un milieu aisé, Engel a fait des études d’histoire et a obtenu son doctorat de philologie en 1934. C’est à l’université qu’il a commencé à être influencé par l’idéologie nazie. Cela a permis à Christian Ingrao de rappeler que le nazisme n’était pas né en 1933 avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Au contraire, cette idéologie et son projet politique se sont constitués dans les années 1920, après le traumatisme de la Première Guerre mondiale. À cette époque, une révolution de la jeunesse masculine, prônant des valeurs racistes, antisémites, anti-démocratiques et anti-communistes, s’est engagée et a trouvé beaucoup d’écho dans des communautés étudiantes.
Devenu officier SS de la 16e division SS, Engel a joué un rôle dans le massacre de captifs italiens à Gênes, où il était chef de sécurité. Ce massacre lui a valu d’ailleurs le surnom de “Boucher de Gênes”. Ainsi Christian Ingrao a-t-il posé la question suivante : qu’est-ce qui a fait qu’on en soit arrivé à la création d’un système industriel d’extermination humaine ? Pour y répondre, il associe ainsi l’histoire sociale et l’histoire culturelle en combinant l’étude des parcours et des évolutions des systèmes de croyance.
Ingrao a par ailleurs insisté sur l’inachèvement de la dénazification des sociétés contemporaines à travers la vie post-1945 de Siegfried Engel. Celui-ci a échappé à toute poursuite pendant des décennies et a refait sa vie. Il a fallu attendre les années 1990 pour qu’il finisse par être condamné par le tribunal militaire italien pour complicité de meurtre. Il a de nouveau été condamné à 7 ans de prison en 2002 par la cour d’Hambourg. Il n’a cependant jamais purgé sa peine. L’historien a rappelé alors que pour prouver un meurtre il fallait l’identité de la victime, un nom, un lieu, un témoin, autant d’informations difficiles à rassembler. Son âge très avancé - il avait 95 ans - a aussi été pris en considération.
En définitive, Christian Ingrao a conclu en disant que “L’histoire c’est demain”, et que l’histoire ne se transmet réellement que par des discours ancrés dans une trajectoire intergénérationnelle permettant de remettre en question notre rapport au monde et notre culture. Il a par son exposé donné un exemple incarné d’histoire du temps présent.
Dans le cadre de leur programme d'histoire et pour en apprendre davantage sur le métier d'historien et sur les mécaniques de la recherche, les élèves de Terminale ont rencontré Christian Ingrao en visioconférence.
Christian Ingrao est un historien français, directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l’histoire du nazisme et des violences pendant la Seconde Guerre mondiale
Sa conférence s’est organisée autour de la trajectoire personnelle de Friedrich Siegfried Engel, personnage dont l’histoire s’est enchevêtrée avec celle du nazisme et de son ombre sur le second XXe siècle.
Né en 1909 à Hambourg d’un milieu aisé, Engel a fait des études d’histoire et a obtenu son doctorat de philologie en 1934. C’est à l’université qu’il a commencé à être influencé par l’idéologie nazie. Cela a permis à Christian Ingrao de rappeler que le nazisme n’était pas né en 1933 avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Au contraire, cette idéologie et son projet politique se sont constitués dans les années 1920, après le traumatisme de la Première Guerre mondiale. À cette époque, une révolution de la jeunesse masculine, prônant des valeurs racistes, antisémites, anti-démocratiques et anti-communistes, s’est engagée et a trouvé beaucoup d’écho dans des communautés étudiantes.
Devenu officier SS de la 16e division SS, Engel a joué un rôle dans le massacre de captifs italiens à Gênes, où il était chef de sécurité. Ce massacre lui a valu d’ailleurs le surnom de “Boucher de Gênes”. Ainsi Christian Ingrao a-t-il posé la question suivante : qu’est-ce qui a fait qu’on en soit arrivé à la création d’un système industriel d’extermination humaine ? Pour y répondre, il associe ainsi l’histoire sociale et l’histoire culturelle en combinant l’étude des parcours et des évolutions des systèmes de croyance.
Ingrao a par ailleurs insisté sur l’inachèvement de la dénazification des sociétés contemporaines à travers la vie post-1945 de Siegfried Engel. Celui-ci a échappé à toute poursuite pendant des décennies et a refait sa vie. Il a fallu attendre les années 1990 pour qu’il finisse par être condamné par le tribunal militaire italien pour complicité de meurtre. Il a de nouveau été condamné à 7 ans de prison en 2002 par la cour d’Hambourg. Il n’a cependant jamais purgé sa peine. L’historien a rappelé alors que pour prouver un meurtre il fallait l’identité de la victime, un nom, un lieu, un témoin, autant d’informations difficiles à rassembler. Son âge très avancé - il avait 95 ans - a aussi été pris en considération.
En définitive, Christian Ingrao a conclu en disant que “L’histoire c’est demain”, et que l’histoire ne se transmet réellement que par des discours ancrés dans une trajectoire intergénérationnelle permettant de remettre en question notre rapport au monde et notre culture. Il a par son exposé donné un exemple incarné d’histoire du temps présent.