Le mercredi 8 mars, les élèves du club lecture se sont réunis en salle Voltaire afin de rencontrer Max Rousseau et Vincent Béal, chercheurs géographes et auteurs du livre Plus Vite que le cœur d’un mortel (Ed. Grevis). Au cours du dernier trimestre, le club, animé par les professeures d’histoire-géographie Mme Chaleur-Launay et Mme Gruit, a lu et discuté de ce livre, dans le cadre du prix des lycéens du livre de géographie.
Cet ouvrage scientifique, dont le titre fait référence à un poème de Baudelaire (Le Cygne), est le fruit d’une étude complète et détaillée de la situation socio-économique de Cleveland, la plus grande agglomération urbaine de l’Etat de l’Ohio aux États-Unis, dont les différentes politiques urbaines ont cherché à corriger son image de ville en déclin.
La rencontre avec les auteurs a commencé par une courte présentation de quelques cartes contenues dans le livre, qui apportent une visualisation concrète des enjeux sociaux et économiques de Cleveland : les opinions politiques par quartier, la démographie (notamment la fragmentation raciale), le prix de l’immobilier, …
Les élèves ont ensuite posé des questions, tout d’abord sur l’objet d’étude du livre ; pourquoi avoir choisi Cleveland ? Les deux auteurs ont expliqué que cette ville les intéressait tout particulièrement pour deux raisons, la première étant l'intérêt accru des économistes anglais pour ses politiques progressistes, et sa réponse active à la paupérisation et à la fragmentation spatiale, peu couverte par les médias, et la deuxième, la volonté de rendre hommage à leur ami Matthieu Giroud étant supposé faire partie du projet, malheureusement décédé lors des attentats du 13 Novembre 2015 à Paris. De nombreux éléments du livre font en effet référence à leur collègue et ami, comme le titre ou la façon d’entrer en contact avec les habitants… “Nous avons voulu répartir le livre de façon à fournir un compte rendu analytique, qui mette l’accent sur ce qui pèse sur la société, mais aussi une étude post-coloniale, comment les individus vivent, réussissent à bricoler leur cadre de vie dans un environnement complètement décomposé (...) Matthieu tenait à ce que l’étude se fasse en s'adressant directement aux acteurs de la renaissance progressive de Cleveland.”
En effet, le livre est construit en s’appuyant sur deux démarches complémentaire pour les auteurs : une démarche structuraliste s’inscrivant dans le courant de la géographie radicale développée dans les différents chapitres du livre et donnant tout sa place aux acteurs institutionnels et une approche de type études post-coloniales donnant la parole aux habitants des ghettos dans des feuillets illustrés par des croquis d’artistes à la fin de chaque chapitre.
Les auteurs ont également fait part des enjeux auxquels ils ont été confrontés sur le terrain, ainsi qu’au moment de l’écriture ; “Le plus difficile, c’était le lien de confiance avec les habitants. [...] Ils se méfient, c’est évident, surtout dans un endroit comme la province américaine [...].” - “Lorsque l’on fait une étude de ce genre, il faut savoir rester non biaisé, maintenir une neutralité axiologique, ce qui n’est pas évident [...]"
Bien que la plupart des élèves aient considéré ce livre comme complexe, amenant parfois à sortir de sa zone de confort, il demeure une œuvre extrêmement intéressante, qui présente de façon authentique, aussi bien que factuelle et personnelle, une ville peu considérée par les médias, dont les multiples enjeux méritent d'être étudiés de plus près. Cet ouvrage amène à réfléchir à la réalité quotidienne aux Etats-Unis, à la situation précaire , pouvant même aller jusqu’à la malnutrition, de milliers d’habitants, au racisme omniprésent . Il permet de nous ouvrir les yeux sur un sujet peu commun, et de stimuler notre esprit critique; c’est pour cela que l’ensemble du club le désigne à l’unanimité comme lauréat du Prix Lycéen du Livre de Géographie.
Compte-rendu rédigé par Camilla C. (1°3)
Le mercredi 8 mars, les élèves du club lecture se sont réunis en salle Voltaire afin de rencontrer Max Rousseau et Vincent Béal, chercheurs géographes et auteurs du livre Plus Vite que le cœur d’un mortel (Ed. Grevis). Au cours du dernier trimestre, le club, animé par les professeures d’histoire-géographie Mme Chaleur-Launay et Mme Gruit, a lu et discuté de ce livre, dans le cadre du prix des lycéens du livre de géographie.
Cet ouvrage scientifique, dont le titre fait référence à un poème de Baudelaire (Le Cygne), est le fruit d’une étude complète et détaillée de la situation socio-économique de Cleveland, la plus grande agglomération urbaine de l’Etat de l’Ohio aux États-Unis, dont les différentes politiques urbaines ont cherché à corriger son image de ville en déclin.
La rencontre avec les auteurs a commencé par une courte présentation de quelques cartes contenues dans le livre, qui apportent une visualisation concrète des enjeux sociaux et économiques de Cleveland : les opinions politiques par quartier, la démographie (notamment la fragmentation raciale), le prix de l’immobilier, …
Les élèves ont ensuite posé des questions, tout d’abord sur l’objet d’étude du livre ; pourquoi avoir choisi Cleveland ? Les deux auteurs ont expliqué que cette ville les intéressait tout particulièrement pour deux raisons, la première étant l'intérêt accru des économistes anglais pour ses politiques progressistes, et sa réponse active à la paupérisation et à la fragmentation spatiale, peu couverte par les médias, et la deuxième, la volonté de rendre hommage à leur ami Matthieu Giroud étant supposé faire partie du projet, malheureusement décédé lors des attentats du 13 Novembre 2015 à Paris. De nombreux éléments du livre font en effet référence à leur collègue et ami, comme le titre ou la façon d’entrer en contact avec les habitants… “Nous avons voulu répartir le livre de façon à fournir un compte rendu analytique, qui mette l’accent sur ce qui pèse sur la société, mais aussi une étude post-coloniale, comment les individus vivent, réussissent à bricoler leur cadre de vie dans un environnement complètement décomposé (...) Matthieu tenait à ce que l’étude se fasse en s'adressant directement aux acteurs de la renaissance progressive de Cleveland.”
En effet, le livre est construit en s’appuyant sur deux démarches complémentaire pour les auteurs : une démarche structuraliste s’inscrivant dans le courant de la géographie radicale développée dans les différents chapitres du livre et donnant tout sa place aux acteurs institutionnels et une approche de type études post-coloniales donnant la parole aux habitants des ghettos dans des feuillets illustrés par des croquis d’artistes à la fin de chaque chapitre.
Les auteurs ont également fait part des enjeux auxquels ils ont été confrontés sur le terrain, ainsi qu’au moment de l’écriture ; “Le plus difficile, c’était le lien de confiance avec les habitants. [...] Ils se méfient, c’est évident, surtout dans un endroit comme la province américaine [...].” - “Lorsque l’on fait une étude de ce genre, il faut savoir rester non biaisé, maintenir une neutralité axiologique, ce qui n’est pas évident [...]"
Bien que la plupart des élèves aient considéré ce livre comme complexe, amenant parfois à sortir de sa zone de confort, il demeure une œuvre extrêmement intéressante, qui présente de façon authentique, aussi bien que factuelle et personnelle, une ville peu considérée par les médias, dont les multiples enjeux méritent d'être étudiés de plus près. Cet ouvrage amène à réfléchir à la réalité quotidienne aux Etats-Unis, à la situation précaire , pouvant même aller jusqu’à la malnutrition, de milliers d’habitants, au racisme omniprésent . Il permet de nous ouvrir les yeux sur un sujet peu commun, et de stimuler notre esprit critique; c’est pour cela que l’ensemble du club le désigne à l’unanimité comme lauréat du Prix Lycéen du Livre de Géographie.
Compte-rendu rédigé par Camilla C. (1°3)